Le scandale financier de Parmalat

Le scandale financier de Parmalat
Au nom de la sainte rentabilité
Le 8 décembre 2003, Parmalat, le géant de l'agroalimentaire italien, numéro un mondial du lait UHT, qui emploie 36 356 salariés dans 139 usines à travers 30 pays a annoncé qu'il était dans l'incapacité de rembourser un emprunt de 150 millions d'euros.
Raison avancée : Parmalat n'est pas en mesure de liquider un investissement de 500 millions dans le fonds Epicurum, basé dans le paradis fiscal des îles Caïmans.
La Consob, chargée de surveiller les marchés financiers italiens, tique sur la comptabilité du groupe et lui demande des explications quant aux 3,95 milliards d'euros qui auraient " disparu " de sa trésorerie. Parmalat, jusqu'alors, déclarait posséder la somme à travers une filiale du groupe, la Bonlat Financing Corporation, elle aussi basée aux îles Caïmans, sur un compte à la Bank of America.

Le lièvre est levé. Le compte ouvert à la Bank of America l'aurait été à partir de documents falsifiés depuis le siège du groupe Parmalat.
La banque des îles Caïmans, bien que soupçonnée elle aussi d'être impliquée dans l'affaire, révèle que les documents du compte sont des faux. Le 27 décembre, le groupe Parmalat, considéré comme un fleuron du capitalisme italien, est déclaré en faillite et placé en redressement judiciaire après la découverte de multiples fraudes comptables : falsification de bilan pour cacher le trou financier du groupe, détournement d'argent, créanciers trompés et actionnaires arnaqués.
Parmalat n'est pas la seule institution mise en cause. Plusieurs cabinets d'audit sont soupçonnés d'avoir participé à la malversation à l'instar du cabinet Grant Thornton, société chargée du contrôle des comptes du géant.

Où en est l'affaire Parmalat ?
Le montant du " trou " de l'entreprise estimé au départ à 7 milliards d'euros -0 presque l'équivalent du chiffre d'affaires annuel de 2002 - pourrait avoisiner les 13 milliards d'euros. Le fondateur et propriétaire du groupe, Calisto Tanzi, considéré dans son pays comme la figure du capitalisme familial, a été écroué, samedi dernier, pour " association de malfaiteurs ayant finalité de banqueroute frauduleuse ".
Il a avoué avoir détourné quelques 500 millions d'euros. La justice et la police italienne multiplient les perquisitions et les mandats d'arrêt. Deux anciens directeurs financiers et comptables du groupe ont été interpellés. La justice entend également des dirigeants de Grant Thornton.

Que devient l'entreprise ?
Le groupe a bénéficié de la procédure de mise en administration extraordinaire pour les entreprises insolvables, adoptée en toute hâte le 23 décembre par le Conseil des ministres. Elle a permi de sauvegarder l'instrument de production tout en gelant les dettes de l'entreprise.

Quelles sont les premières répercussions des malversations ?
Le club italien de Parme, dont Parmalat était actionnaire à 98 %, est lui aussi menacé de faillite.
Mais le désastre économique, que représente la banqueroute de Parmalat, dépasse déjà les frontières transalpines. En France, une centaine de producteurs de lait de l'Ariège, des Hautes Pyrénées, de l'Aude et de Haute-Garonne ne sont plus payés. Le groupe laitier des Pyrénées (GLP), dont la majeure partie de la production était liée au géant de l'alimentaire, est en cessation de paiement.

Avec ce scandale, c'est non seulement l'industrie italienne qui se trouve ébranlée et discréditée mais aussi le système bancaire et la surveillance des marchés financiers. Parmalat mais aussi Enron, Worldcom sont l'illustration de l'inefficacité des dispositions censées " réguler " l'économie capitaliste.
Les institutions internationales et les États portent aussi une part de responsabilité quant au statut et au contrôle des paradis fiscaux. Ces écrans de fumée, auxquels les multinationales ont de plus en plus recours, ont des incidences directes sur l'économie. Démonstration faite par l'arnaque des responsables de Parmalat : plus de 30 000 emplois directs menacés, des créanciers qui, faute d'être payés, fermeront leur entreprise.


L'Humanité du 04 Janvier 2004


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