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Fantastique. Un roman d'apprentissage mène Harry Potter au seuil de l'âge adulte. Adieu enfance, bonjour responsabilités.
L'avant-dernière épreuve de Harry

Harry Potter et le prince de sang-mêlé de J. K. Rowling. Traduit de l'anglais par Jean-François Ménard.
Éditions Gallimard. 714 pages, 23,50 euros.

La magie de Joanne Kathleen Rowling tient-elle à autre chose qu'à l'art de transformer en or les recettes éprouvées de la littérature de genre la plus conventionnelle ? Un art pas si facile d'ailleurs, quand on voit combien d'apprentis sorciers se cassent les dents en tentant d'imiter la femme la plus riche d'Angleterre.
Elle avait pris son temps à donner une suite à la Coupe de feu. Le temps de faire un enfant, ce qui n'est pas rien, le temps d'en profiter un peu, de mâchouiller son crayon dans son nouveau château, et voilà les années qui passent et toujours pas d'Ordre du phénix à l'horizon.
Quand il vit enfin le jour après trois ans et demi de délai, les potterophiles ne cachaient pas leur inquiétude. Et si l'inspiration et la motivation n'étaient pas au rendez-vous ? Si la saga demeurait inachevée ? La révélation de la date de parution de l'édition anglaise a quelque peu rassuré et, lecture faite, les doutes se dissipent : Mrs Rowling n'a pas perdu la main.

Fidèle à son idée de faire vivre à son héros les crises de son âge, elle lui a aussi accordé des pouvoirs qui sont ceux de l'adolescent en route vers l'âge adulte. Écrit pour des lecteurs qui avaient de huit à onze ans au tome I, et qui en ont maintenant vingt, le livre n'oublie pas les parents et multiplie à leur égard les signes de complicité. Ainsi l'action ne commence pas comme d'habitude dans le sinistre pavillon middle class des Dursley, les horribles oncle et tante de Harry, mais au 10, Downing Street, chez le premier ministre des Moldus.
Quant à Harry, allant sur ses dix-sept ans, il est plus fort, plus mûr, mais toujours aussi entêté, aussi persistant dans ses erreurs que courageux quand il s'agit de les réparer. Un peu moins maladroit dans les choses de l'amour, il y voit plus clair dans la stratégie des adultes, quitte à se croire parfois plus malin qu'il n'est, et exerce ses talents de leader dans le contexte difficile du capitanat d'une équipe de quidditch.

Signe important de l'entrée dans la phase finale de son parcours initiatique, il collabore avec un Dumbledore qui sent décliner ses forces et le prépare à prendre ses responsabilités en lui livrant, peu à peu, toutes les informations nécessaires à la compréhension de bien des énigmes posées dès le premier tome.

Admirons en passant le sens de la composition romanesque de l'auteur qui, après six tomes d'un ensemble dont la cohérence se dévoile livre après livre, ne pourra plus passer pour une naïve raconteuse d'histoires. Après la bataille finale, sur laquelle il a coulé tant d'encre que nous ne dirons rien de plus, il lui reste à affronter la plus difficile des épreuves, celle de la solitude.
Mais pour ça, il va falloir attendre.
A. N. L'Humanité du 05/10/2005



Mesdames, souriez, de Jessica Nelson.
Premier roman.
Au-delà du conflit de générations, une méditation sur deux destins de femme, avec en trame de fond la fameuse canicule de l'été 2003.

" On est toujours le décadent de son grand-père et le classique de son petit-fils ", remarquait Raymond Queneau.
C'est conjugable au féminin ajoute Jessica Nelson, dans son premier roman, Mesdames, souriez, au titre pas si anodin qu'il en a l'air. Car si elle a utilisé, comme trame de fond, la fameuse canicule de l'été 2003, ce n'est pas pour se gausser des " vieux " clamsés, abandonnés de tous, comme le fait trop souvent un " comique " (pas toujours drôle) de Canal Plus (j'ai nommé Stéphane Guyon), sous prétexte d'humour (bête et méchant) à la Charlie Hebdo.
Bien au contraire,la-jeune-blonde-au-visage-d'ange - dont il faut évidemment se méfier doublement - fait preuve d'une lucidité assez rare à cet âge... Que l'on peut dévoiler, puisqu'elle n'a que vingt-cinq ans, et déjà un ton, un style dégraissé, sans fioritures. Peut-être est-ce dû à son sang américain, du côté du père, elle va droit au but : " Des bras squelettiques s'agrippent à un bout d'étoffe et appellent au secours, c'est la suffocation ; des jambes froides en dépit de la chaleur se raidissent, une peau translucide et parcheminée frissonne, mouchetée par l'âge. Je chasse ce tableau de mon esprit, je jure de ne jamais lui ressembler. "

Nous sommes, en effet, au coeur du sujet : Louise-Marie (vingt ans), a peur de vieillir. Tel un Dorian Gray au féminin, elle vendrait son âge au diable pour ne pas finir sa vie comme " la vieille ", avec qui elle est obligée de partager un 80 m2 sur la place des Vosges, tout de même...
Elle qui voulait ressembler à une poupée Barbie, dont les préoccupations tournent autour de la dernière petite robe noire de chez Gucci et la question d'" être ou ne pas être " invitée à la prochaine soirée Gaultier, finira par découvrir, peu à peu, les bons côtés d'une ancienne jeune femme qui combattit le nazisme pendant la Résistance. Elle se laisse même attendrir, lui tend la main, que l'autre finit par refuser.

Car ce serait trop facile. Pas de happy end. Le dialogue de sourd(e) s est trop flagrant. La tyrannie du " jeunisme " va l'emporter. Une " ségrégationniste esthétique " est trop gérontophobe pour apprendre à aimer les " vieux ", comme on dit aimer les chiens... Il en va de sa santé mentale. De son aveuglement.
Ce n'est que lorsque " l'engin le plus déprimant de la création " arrive, le déambulateur, qu'elle réalise que c'est le début de la fin. Un cauchemar s'arrête (la cohabitation) mais un autre commence : son propre vieillissement. Car son tour viendra, c'est inexorable.

Pour une fois, la sempiternelle photo qui agrémente dorénavant la plupart des romans de la rentrée apporte quelque chose au Schmilblick. On y voit l'auteur(e), Jessica Nelson, jeune et belle blonde, bras croisés, le regard d'un sérieux inquiétant. Elle est au second plan, derrière une dame âgée... marquée par les ans, dirons-nous.

Un rictus encore plus sévère lui barre le visage. L'effet est saisissant. On ne sait pas si l'on doit rire ou pleurer. Quoi qu'il en soit, l'affaire est grave. Le combat entre les deux femmes sera terrible. Comme dans un western, il n'en restera qu'une à la fin. Premier galop d'essai réussi. Souriez, Jessica Nelson...

LES EXTRAITS de "Mesdames, souriez"
Midi. On respire mieux qu'hier. Aujourd'hui, l'Autre s'absentera jusqu'au soir pour rendre visite à l'ami Gaston. Moment opportun pour commencer mes révisions d'été dans le calme. J'ai pris la ferme décision de ne plus m'énerver, de l'éviter et de rester concentrée sur mes objectifs. J'ai repris un des livres sur la méditation transcendantale que m'avait offerts Michel pour mes vingt ans ; je l'avais alors feuilleté avec ironie et aussitôt relégué en haut d'une étagère. - Page : 67 - Editeur : Fayard - 2005

Visite de ma cousine Marilyn, à ma grande surprise. Cela faisait un moment que je ne l'avais pas vue au passage de la Mule. Sa voix dans le corridor me fait me terrer dans mon antre. Réfugiée sur le balcon, regardant fixement le pavé sous mes pieds jusqu'au vertige, priant pour qu'elle m'oublie - puis avec autant de ferveur pour qu'elle me déloge de là. Qu'elle m'emmène, quelques heures.
- Page : 127 - Editeur : Fayard - 2005

Guillaume Chérel, l'Humanité du 22/09/2005
Fayard, 206 pages, 16 euros.




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