Il serait irréaliste d'exiger de ceux qui débutent dans la vie de nourrir, laver, habiller ceux qui s'obstinent de ne pas la quitter (tout en se plaignant d'y rester)...
Notre dévotion envers la jeunesse aurait ahuri tous nos prédécesseurs. Pendant deux millénaires, les hommes se sont vieillis pour se valoriser...la donne s'est renversée...Rajeunir est laudatif. Vieillir, péjoratif. Comment humilier un jeune ? En le traitant de vieux !
Il n'a jamais été facile d'être cotemporain de son temps. On manquerait le nôtre si on ne prenait en compte quatre facteurs objectifs :
1 - Passage d'une société de transmission, où le temps est une dimension cruciale, à une société de communication immédiate, où l'espace tient la vedette...
2 - Passage d'une culture du travail à une culture du loisir...on apprend à travailler, on n'apprend plus à s'amuser...
3 - Passage d'un âge d'espérance à un âge d'imptience...nous ne faisons plus confiance au lendemain...nous exigeons des histoires courtes...
L'esprit de l'époque est ainsi fait : on ne veut pas voir la suite des opérations. Là où le Père Blanc, en 1920 partait pour toute sa vie, le coopérant en 1960 pour 2 ans, l'humanitaire de 2000 boucle sa mission en 2 mois. Le premier est un anonyme, le second, un fonctionnaire, le troisième un héros.
4 - Passage de la graphosphère à la vidéosphère...là où le vieux est à l'honneur, l'image est à la peine...