NOM D’UN CHIEN !

Profits et pauvreté en hausse

Jacques Brunhes, député communiste, a mis en évidence la corrélation entre les deux séries de statistiques viennent d'être publiées.
Une première afférente aux profits boursiers qui s'envolent. Les groupes du CAC 40 annoncent des résultats mirobolants - supérieurs à 80 milliards d'euros - trois fois plus en trois ans - et de fortes hausses des dividendes liées à une gestion exclusivement tournée vers la rentabilité financière.

Alors que le pétrolier Total avec 12 milliards de bénéfices en 2005 bat tous les records de profits, l'essence, elle, a augmenté de 7%, le groupe emploie des salariés étrangers sous-payés, il arrête ses investissements au Havre.

Le PDG de France Télécom dont le bénéfice a augmenté de 90% en 2005 annonce cyniquement 17 000 suppressions de postes.
Bénéfices et dividendes records quand les salaires réels régressent, que les suppressions d'emplois se multiplient, que la précarité avec le CPE devient la règle et que la croissance reste désespérément atone.

Au même moment une deuxième série de statistiques publiées par l'INSEE début février annonce une forte hausse de la pauvreté. Avec 6,3% c'est un retournement spectaculaire de tendance, le premier depuis 30 ans, hormis 1990 année de récession.
260 000 Français ont basculé dans la pauvreté en un an. Soit 1000 pauvres de plus par jour ouvrable comme le relève M. Hirsch, Président d'Emmaüs France ! Sans compter l'accroissement du nombre de bénéficiaires du RMI et de fréquentations des restos du coeur.

Les Français ont parfaitement conscience de l'écart choquant entre ces deux séries de statistiques. L'aggravation des inégalités est le résultat dramatique de votre politique. L'abîme social, c'est vous ! M. le Premier ministre, resterez-vous indifférent aux rapprochements à faire entre ces statistiques.

OPERATION GADGET
Privilégiant l’endettement des étudiants sur les mesures sociales, François Fillon confirme la mise en vente d’ordinateurs à crédit. Vingt-sept mille étudiants supplémentaires à la rentrée 2004.

Des effectifs en augmentation constante depuis quelques années. Le gros des troupes (plus de 1,36 million) est inscrit dans les 84 universités françaises. Le reste se répartit entre les IUT, STS, IUFM, classes préparatoires et grandes écoles. Si les inscriptions stagnent en premier cycle (- 0,2 %), elles augmentent de 2 % en deuxième cycle et de 3 % en troisième cycle. Face aux chiffres, une réalité sociale toujours plus précaire.

Et malgré un budget de l’enseignement supérieur en hausse de 3 %, les annonces du ministre François Fillon en termes d’aide sociale sont loin de changer la donne. « On attendait des réponses sociales, on a eu droit au show d’un VRP pour des ordinateurs portables à 1 euro par jour », dénonce Yassir Fichtali, président de l’UNEF.
Et le dirigeant du syndicat étudiant de qualifier les propositions de François Fillon de « réchauffées » et de « broutilles, dont l’accumulation donne une connotation sociale ». Car la construction de 50 000 logements universitaires et la réhabilitation de 70 000 existants ont déjà été promises par Luc Ferry. De plus, « ces rénovations sont programmées sur dix ans, alors qu’elles sont nécessaires dès aujourd’hui.
Prendre des engagements sur le long terme, ça ne mange pas de pain », précise Yassir Fichtali. Pour les aides directes, le ministre annonce une revalorisation de 1,5 % des taux et plafonds des bourses. Soit une dégradation prévisible des conditions de vie des étudiants confrontés à une inflation à 1,8 %. D’autant plus que les droits d’inscription augmentent, eux, de 4 %.

La création de bourses au mérite ou la réactivation des prêts d’honneur à taux 0 parachèvent une série de mesures inutiles, voire injustes.
Quant à l’exonération des frais d’inscription aux étudiants boursiers, elle existait déjà. L’étudiant n’aura simplement plus à faire l’avance de la somme. Sacrée avancée. Au final, la première des préoccupations du ministre - il l’a clairement annoncé - est de doubler le nombre d’étudiants propriétaires d’un ordinateur portable. Et la seule solution : « commencer sa vie d’adulte en s’endettant », résume ironiquement le président de l’UNEF. Ludovic Tomas

OPERATION PORTABLE

Le ministère de l’éducation nationale veut proposer aux étudiants un ordinateur portable équipé d’une liaison internet sans fil (Wi-Fi) pour un prix variant entre 1500 et 2000 € avec un paiement pendant 3 ans par prélèvement mensuel (entre 30 et 60 € par mois).




Gouvernement
Chômeurs livrés en pâture au patronat

Le projet Borloo prévoit d’augmenter la pression sur les chômeurs pour leur faire accepter n’importe quel emploi. Il instaure un dispositif de sanctions et ouvre le service public de l’emploi à des agences privées et aux entreprises de travail par intérim.
À cet effet, le volet emploi du plan Borloo prévoit d’accroître le contrôle pesant sur les demandeurs d’emploi, dans le cadre d’un " service public de l’emploi " largement ouvert au privé, soumis à l’UNEDIC, et chargé de pousser au " retour à l’emploi " le plus rapide possible, aux conditions dictées par les employeurs.

Actuellement, le Code du travail stipule qu’un chômeur a droit à une allocation à partir du moment où il " accomplit des actes positifs de recherche d’emploi ".
Borloo veut durcir cette obligation : le chômeur devra accomplir des " actes positifs et répétés en vue de retrouver un emploi ", et " participer à toute action d’aide à la recherche d’emploi, d’insertion et de formation qui lui est proposée par le service public de l’emploi ". Autrement dit, le demandeur d’emploi sera totalement soumis aux services de placement. Il ne pourra plus refuser une formation qui n’a rien à voir avec son profil, mais qui correspond aux secteurs qui recrutent (hôtellerie, restauration, bâtiment).
Dans la catégorie " insertion ", il ne pourra pas non plus refuser un stage gratuit ni un contrat d’insertion RMA (revenu minimum d’activité).

Contrôle et sanctions
Cette obligation se double évidemment d’une sanction. Actuellement, un chômeur peut perdre son allocation s’il refuse " un emploi compatible avec sa spécialité ou sa formation antérieure, ses possibilités de mobilité géographique compte tenu de sa situation personnelle et familiale, et rétribué à un taux de salaire normalement pratiqué dans la profession et dans la région ".
Dans le projet Borloo, on tient compte de la formation antérieure du chômeur " ou de celle que le service de l’emploi lui propose ou lui a permis d’acquérir ". La boucle est bouclée : un chômeur sera sanctionné s’il refuse un emploi dans un secteur dans lequel on l’a obligé à se former. De même, le critère géographique est apprécié aussi en fonction " des aides à la mobilité qui sont proposées " au chômeur.
Sous prétexte du versement d’une petite prime, il faudra aller travailler à l’autre bout du département... Comme le suggérait le rapport Marimbert s’inspirant de la récente réforme allemande, la pression de la sanction est renforcée par un système de gradation. L’allocation pourra être d’abord réduite, avant la punition finale de la suppression.
Mais qui sera chargé de ce contrôle ? La décision finale de la sanction reste sous l’autorité du préfet du département, dans le cadre d’une procédure dite " contradictoire ". Mais les " opérations de contrôle de la recherche d’emploi " exercées par des agents du ministère du Travail sont élargies aux agents ANPE et surtout aux agents des ASSEDIC.
L’organisme d’assurance chômage, géré paritairement mais dominé par le patronat, mettra certainement beaucoup d’énergie dans ce nouveau pouvoir de contrôle, qui pourra aboutir à des économies par la suppression d’allocations.

Nouveau contrat précaire
Enfin, le plan Borloo n’oublie pas d’apporter sa pierre au monument des contrats sous-payés et sans perspectives proposés - et bientôt imposés - aux chômeurs au nom de leur insertion.
Le " contrat d’activité ", récemment rebaptisé " contrat de mobilisation vers l’emploi " par le ministre, est l’équivalent pour les communes et les associations du RMA créé l’an dernier pour le secteur marchand. Ce sera un CDD de six mois renouvelable dans la limite de trois ans, payé au SMIC horaire pour 26 heures par semaine en moyenne (750 euros brut environ).
Pour plus de flexibilité, l’employeur pourra moduler l’horaire dans la limite de 35 heures par semaine. Une formation est prévue, mais pas sa rémunération ! Comme pour le RMA, l’employeur touchera une aide de l’État équivalent à l’allocation du RMI.

Au passage, le ministre veut modifier les critères d’accès : le contrat de mobilisation vers l’emploi, tout comme le RMA seraient ouverts non seulement aux allocataires du RMI (1 million), mais aussi aux personnes touchant l’ASS (400 000), après seulement six mois d’allocation.
La fiction d’un contrat destiné aux chômeurs en grande difficulté, qui justifierait d’après le gouvernement le caractère dérogatoire de ces contrats, éclate. Les employeurs ne se priveront pas de sélectionner les candidats et de faire travailler à bas coût des chômeurs parfaitement au point.
Fanny Doumayrou, l’Humanité du 15/09/2004 (extraits)


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