Bon anniversaire, monsieur l'impôt Walter Bouvais, Directeur de la publication du magazine Terra economica (07/09/2005)
Il est de coutume, en France, de célébrer les anniversaires. Pourtant, il en est un qui passe systématiquement inaperçu : celui de la naissance de l'impôt sur le revenu. Que ceux qui connaissent son âge lèvent la main. Personne ? L'impôt sur le revenu s'apprête pourtant à souffler sa quatre-vingt-onzième bougie.
Dans l'indifférence absolue, cette année encore. C'est en 1914 que l'idée de cet impôt est née dans l'esprit du radical Joseph Caillaux, pour remplacer l'antique impôt sur les portes et fenêtres ! Près d'un siècle plus tard, dire que ce nonagénaire est un mal-aimé s'apparente à un doux euphémisme. Pourtant, l'impôt sur le revenu ne manque pas de vertus. Première d'entre toutes : la redistribution. Progressif - contrairement à la TVA qui est proportionnelle -, l'IR pèse plus fortement sur les ménages riches que sur les ménages modestes. Reversé au budget de l'Etat (comme la TVA et les autres prélèvements), il est dépensé en fonction des priorités du pays, dans le cadre de la loi de finances votée par le Parlement. L'IR est donc un des piliers du pacte républicain, du "vivre ensemble". Voilà de quoi le rendre sympathique. A y regarder de près, et quitte à passer pour politiquement incorrect, la mauvaise réputation qui colle aux semelles de l'IR a de quoi surprendre. Trop lourd ? Il pèse pourtant trois fois moins que la TVA dans la cassette de l'Etat, et il représente seulement 7% des prélèvements obligatoires payés par les ménages.
Trop fort ? Les taux maximaux de l'impôt sur le revenu ne sont pas proches de 50%, comme on l'entend parfois dire, mais de 34%, si l'on tient compte des abattements de 20% et de 10%... Pour revenir à la raison et aux faits, tirons plutôt le portrait-robot du contribuable français : plutôt célibataire, plutôt francilien, il déclare entre 15 000 et 23 000 euros de revenus. Et il paie entre 762 et 1 143 euros d'impôt sur ces mêmes revenus *. Rappelons également que la fraude fiscale est estimée en France à 45 milliards d'euros, un manque à gagner qui correspond, grosso modo, au déficit du budget de l'Etat…
Enfin, imaginons un instant une société sans impôt, dans laquelle la totalité des dépenses serait assumée par le privé : il n'y aurait plus ni justice, ni armée. Ni routes, ni écoles publiques. N'accéderaient à l'éducation et aux soins que ceux qui en auraient les moyens. Quant aux autres… ils s'en retourneraient au Moyen Age.
Et Jean-Pierre Pernaut présenterait "Combien ça coûte ?" en cotte de mailles !
* source : syndicat unifié des impôts (snui)
|
Je veux payer des impôts » c’est ainsi que débutait un sketch du regretté Fernand Raynaud dans les années 60. Qui aurait imaginé à cette époque que, 40 ans plus tard, des citoyens iraient s’associer pour réhabiliter l’impôt sur le revenu ?
Corinne DAUDIER, enseignante a récemment lancé un appel citoyen qu’elle cherche à diffuser sur les médias « J’ai pris l’initiative personnelle de créer le Collectif Citoyen pour l’impôt sur le revenu suite à un agacement par rapport à la vision générale que les médias véhiculent sur l’impôt et par rapport à ce que l’on entend dans la rue laissant à penser que l’état n’est là que pour dépouiller les citoyens »
Corinne AUDIER rappelle notamment que l’impôt sur le revenu, qui est progressif, joue un rôle primordial de redistribution, de solidarité et de lien social.
L’appel de Corinne AUDIER associe des personnes qui paient l’impôt à d’autres qui en sont exonérées mais toutes s’affirment prêtes à en payer ou en payer davantage au nom de la solidarité nationale. La contestation de la baisse d’impôt parvient aussi à mobiliser certains citoyens aisés Ils consacrent une part non négligeable de leurs revenus à l’impôt mais souhaitent ne pas bénéficier des réductions par solidarité et crainte des conséquences incalculables que peut engendrer le désengagement de l’Etat.
Geneviève DECROP a ainsi lancé une pétition intitulée « nous voulons payer nos impôts » qui a déjà passé le cap des 1000 signatures genevieve.decrop@wanadoo.fr et a été envoyée à Jacques CHIRAC ainsi qu’à une dizaine de députés.
Si vous souhaitez soutenir la contestation à la politique fiscale de Raffarin, vous pouvez écrire à Corinne DAUDIER à l’adresse suivante : corinne.daudier@wanadoo.fr
. Haut de la page-[menu précédent] |