le G8

par Gilles MOREL
Comme c’est le cas pour beaucoup d’organismes internationaux liées au commerce et au monde des affaires (OMC, Banque Mondiale, FMI, Commissions Européennes), peu de nos contemporains sont capables de dire quelles sont les attributions du G8.
A l’inverse, si l’on interroge les mêmes personnes sur le rôle joué par l’ONU ou l’UNESCO, chacun sait dans les grandes lignes ce qu’on y fait et comment y sont prises les décisions.
On peut alors s’interroger. Nos contemporains seraient ils plus doués pour la politique que pour l’économie , les institutions du type G8, OMC etc. seraient-elles servies par de mauvais communicants ou bien ces dernières ne s’entourent-elles pas d’une certaine opacité et dans ce cas pourquoi ?

Le G8 est né en 1975 à l’initiative du Président français Valéry Giscard d’Estaing en vue de créer un « sommet informel mondial sur l’économie mondiale ». A cette époque, le 1er choc pétrolier frappe de plein fouet l’économie occidentale. Les dirigeants occidentaux cherchent en fait à contrer l’OPEP et surtout à éviter que d’autres pays fournisseurs de matière première du Tiers Monde ne s’unissent comme l’ont fait les producteurs de pétrole.
Composé à l’origine de six pays - la France, l’Allemagne occidentale (alliée incontournable de la France), la Grande Bretagne (nouvellement entrée au Marché Commun), l’Italie, les Etats Unis et le Japon - le Canada rejoint rapidement le club à la demande des Etats Unis. Après la chute de l’URSS, la Fédération de Russie est invitée à ce qui s’est appelé le G7 + 1 avant de devenir le G8 que nous connaissons aujourd’hui. Notons que la Russie tient encore un rôle marginal au sein du G8 puisqu’elle est exclue des forums ministériels précédant le sommet.

On remarquera une disparité géographique frappante : l’Europe y est sur représentée, seul le nord du Rio Grande représente l’Amérique, l’Asie ne se contente que du Japon (ne parlons pas de la Russie compte tenu de son faible poids), l’Afrique et le Monde Arabe étant pour leur part superbement ignorés.

Le G8 se présente comme un club informel sans pouvoir de décision, sans règlement, sans siège ni secrétariat. Ses membres se défendent d’exercer par le biais du G8 une quelconque influence sur les organismes internationaux. Si l’on comprend bien, le G8 ne serait qu’un salon de thé de luxe où viendraient papoter des messieurs (au demeurant chefs des états les plus puissants du Monde) sans autre ambition que d’échanger des idées, un peu comme on refait le monde autour d’un verre au café. Cette définition angélique ne tient pas longtemps l’épreuve des faits.

Lorsque les causeries et accords « informels cela va de soit », sont ensuite relayés par ces même chefs d’état et avec un si bel ensemble auprès d’institutions comme le FMI et la Banque Mondiale dans lesquels (détail en passant) ils possèdent la majorité des actions, ce n’est plus d’un club informel qu’il s’agit mais bel et bien d’un gouvernement mondial. Or ce gouvernement mondial n’a reçu aucun mandat de la part des peuples du Monde.
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