Europe de l'Est, la violence de la transition économique
Les chocs des années 1990 ont fait plonger dans l'extrême dénuement une partie de la population des ex-pays communistes, montre un rapport de l'INSEE.
L'étude comparative que publie aujourd'hui l'INSEE sur les " pauvres et modes de vie pauvres " dans sept États européens (1) apporte un éclairage saisissant sur ce phénomène dans les pays d'Europe centrale et orientale (PECO). À côté d'une Europe occidentale où l'extrême dénuement reste marginal, les auteurs, Nicolas Herpin et Fabien Dell, note que " dans les PECO, les personnes les plus pauvres ont un mode de vie comparable, à certains égards, à ceux qui caractérisent les pauvretés profondes [...] d'Afrique ou d'Asie ".
Les 10 % de personnes les plus pauvres en Roumanie disposent ainsi d'un revenu annuel de 873 euros par personne, à peine plus que le revenu moyen par habitant à Madagascar, l'un des pays les plus pauvres de la planète (790 euros). L'accès au confort le plus élémentaire, comme la présence de réfrigérateur ou de toilettes dans le domicile, leur est impossible. Aux difficultés matérielles s'ajoutent des problèmes de santé (pollution, hygiène) et d'exclusion sociale.
S'il est difficile de chiffrer précisément le nombre de personnes touchées - d'autant que les critères varient selon les pays - le glissement vers la pauvreté d'une part importante de la population est net depuis quinze ans. Les enquêteurs de l'INSEE attribuent cette situation à " la transition vers une économie de marché peu ou pas régulée [qui] a exposé les plus pauvres dans les PECO[...] à l'aspect le plus violent des bouleversements économiques ".
Si cette transition a pu, dans un premier temps, dynamiser l'économie, assez vite les effets négatifs l'ont emporté. La précarité de l'emploi a ainsi touché de plein fouet des populations confrontées, parallèlement, au démantèlement progressif des systèmes de santé et d'aide sociale : " Chômage mal indemnisé ou / et pension de retraite très insuffisante, le dispositif de protection sociale n'a pas évolué en rapport avec la disparition de l'emploi à vie ", jugent les auteurs.
La destruction de l'appareil économique, et particulièrement des entreprises d'État, a aussi été un choc violent, que les solidarités traditionnelles n'ont pas su combler. En Roumanie ou en Pologne, où une personne sur cinq dit vivre de la terre, " la fermeture des nombreux établissements industriels après le changement de régime politique a amorcé un retour d'une partie de la population urbaine vers la campagne. [...] Les exploitations familiales, de petite taille et sans moyens financiers pour améliorer leur technologie, n'ont pas été en situation de mettre à profit cet aflux de main-d'oeuvre ".
Les espoirs de croissance dans les PECO ces prochaines années - permis notamment par leur bon niveau d'éducation - ne pourront qu'au mieux faire " reculer l'extrême dénuement ", conclut l'INSEE. La pauvreté dans ces pays risque de porter durablement " la marque brutale d'une transition vers l'économie de marché " d'autant que les modes de vie inspirés des États de l'Ouest - consommation, vacances - accentuent la fracture sociale entre riches et pauvres.
(1) France, Royaume-Uni, Espagne, Portugal, Pologne, Roumanie, Russie.
Paul Falzon, l'Humanité
UN NON D'ESPOIR
La France a dit NON au projet constitutionnel Européen, suivie quelques jours plus tard pour les Pays Bas. Ce NON ne l'est pas à l'Europe, mais à son projet ultra libéral.
A l'exception des plus de 65 ans, le NON est majoritaire dans toutes les tranches d'âges.
Il est profondément ancré à Gauche à plus de 65 %. Le OUI l'est à Droite à 79 %.
Le XVI ème arrondissement de Paris, Neuilly sur Seine ont massivement voté OUI à plus de 80 %, les cadres supérieurs, les professions libérales aussi.
La Seine St Denis, le Pas de Calais à 62 et 69 % ont voté NON, ainsi que les ouvriers à 67 %, et les chômeurs à 71 %.
Les 2/3 des personnes qui vivent avec moins de 2000 euros ont voté NON, les 2/3 de ceux qui gagnent plus de 3000 euros ont voté OUI. (1).
Ce vote n'est pas populiste et raciste, mais populaire et solidaire. C'est celui de l'espoir et de l'avenir.
(1) - Enquête CSA
Le pays Européen où vous souhaiteriez vivre en dehors de la France