LE PERIL VIEUX OU LE TEMPS DES SENIORS
par Diaz Diego (voir également le dictionnaire exclusif Antéanus-Mosaïque)

LE SEISME
D'ici 25 ans le population des seniors de plus de 60 ans va augmenter de plus de 10 % et atteindre près de tiers de la population totale.
25 ans, c'est la période qui nous sépare de la première élection de François Mitterand comme président de la République.
Pendant les deux prochaines décennies, 800 000 personnes atteindront chaque année les 60 ans.
Politiquement, économiquement, et surtout socialement il s'agit d'un véritable séisme.

Jamais dans l'histoire de notre pays une évolution comparable n'a été enregistrée, liée à l'arrivée de la génération baby-boom de l'après guerre à l'âge sénior, à l'augmentation sensible de la durée de la vie, à la paix retrouvé sur le continent.
Depuis plusieurs années déjà les économistes étudient et veulent prendre en compte cette révolution, le plus souvent pour des raisons mercantiles.
Aux hommes politique aujourd'hui et rapidement à prendre la mesure de ce bouleversement pour agir sur le monde de demain.

Introduction

Le chat dit-on a 7 vies. L’homme lui en a probablement 3 au cours de son existence.
La première peut être la plus fondamentale est celle qui concerne l’enfance et l’adolescence. C’est au cours de cette première partie de notre vie que la personnalité de chacun se développe, et que les choix se déterminent en fonction de son environnement social et familial, de sa formation, des ses capacités.
La deuxième est celle de la pleine activité professionnelle et familiale.
La troisième est celle de la « retraite ».
Les statisticiens considèrent que la première se situe de la naissance à 20 ans, la deuxième jusqu’à 50 ou 60 ans, la troisième à partir de ces âges.
En réalité ces étapes sont beaucoup moins précises et dépendent largement de nombreux facteurs liés à l’histoire de chacun.
La troisième vie, celle que nous allons traiter peut être vécu très différemment par chacun, elle est sans doute la plus intéressante, c’est celle du sage, c’est celle de notre devenir commun.


QUELQUES CHIFFRES

1 - Le péril vieux

Retraites, maladies, dépendances, impôts, conflits de générations, certains parlent aujourd’hui de « périls vieux», comme hier ils parlaient de « périls jaunes.»
Aux Etats-Unis (toujours à l’avance), certains même déclarent : « le troisième âge américain n’a pas le droit de s’offrir une immortalité progressive aux frais de la société », et réclament « un terme aux travaux de recherche et au traitement des personnes de plus de 75 ans ».
En France, certains accusent « les plus de 60 ans, d’occasionner plus de 50 % de l’ensemble des dépenses de la santé », ils sont les plus ponctionnés après la réforme de la sécurité sociale, sans doute en punition, (les retraités sont particulièrement visés par les mesures gouvernementales d’économie :
- hausse de la CSG pour les retraités imposables (560 millions d’€), le taux sera de 6.2 % à 6,6 % pour 4.5 millions de personnes concernées ;
- augmentation du forfait hospitalier (300 millions d’€) : plus 3 € à ajouter aux 13 demandés depuis le 1er janvier ;
- forfait d’un € par acte médical (600 millions d’€). Rationalisation des achats des hôpitaux (500 millions par an d’ici à 2007).

Par provocation sans doute, mais les slogan est là, à l’occasion de la semaine bleue en 2004, le thème proposé est le suivant : « et si l'on parlait des vieux ? », tout un programme.
Vieux le mot est lâché. Et pourtant que signifie t’il ? A partir de sa naissance, chacun est bien le vieux de quelqu’un.
La population de plus de 60 ans selon l’INSEE doit passer de 20,6 % à 31,1 % de 1999 à 2030. En Ile de France, ces chiffres vont évoluer de 15,9 % à 23,2 %. Seules les tranches d’âge, 0 - 19 ans et + 60 ans augmenteront d’ici 2030 avec une pollution estimée à 2 896 448 (2 877 639 en 1999) pour la première catégorie, et 2 804 921 (1 738 797 en 1999).
L’âge médian de la population en France, passera de 36,3 aujourd’hui, à 43,6 en 2030. En Ile de France ces chiffres seront respectivement de 33,9 à 37,3.
D’ici 2030, c’est bien un bouleversement de la répartition de la population qui est prévue.



2 - Les seniors

Le dictionnaire fixe l’âge des seniors à partir de 50 ans. Pour des raisons conventionnelles l’âge de la « vieillesse » est déterminée à 60, ou 65 ans.
De récents sondages indiquent que pour les personnes intéressées cet âge se situe autour de 71 ans.

Biologiquement une personne peut vivre jusqu’à 120 ans, et d’ici la fin du siècle une personne sur deux devrait dépasser les cent ans.
Aujourd’hui avec les perspectives de l’allongement de la vie, et hors décès liés à des accidents naturels, à 50 ans une personne atteint à peine la moitié de sa vie.
Etre senior aujourd’hui, c’est bien avoir un avenir.

L’âge par lui même, ensuite, à une importance secondaire. Une personne de 50 ans peut être considéré comme très « vieux», en rapport à son état d’esprit, et une personne de 100 ans, comme « jeune » intellectuellement, et parfois même physiquement, chacun peut donner des exemples précis dans ce sens. Clemenceau disait : « quand on est jeune, c’est pour la vie ».

50 ans c’est l’âge « carrefour », ou le corps se transforme, ou certains commencent à envisager de prendre la retraite, ou les enfants partent.
C’est aussi l’âge pour certains d’être grands parents, et parfois il faut prendre en charge ses parents.
Une nouvelle vie commence donc.
Etre senior, c’est être une personne active, dynamique, de 50 ans jusqu’à la fin de sa vie, hors maladies, qui peuvent malheureusement tous, et à tous les âges.
Aujourd’hui l’espérance de vie en bonne santé, progresse plus rapidement que l’espérance de vie à la naissance (de six mois tous les dix ans).
L’avenir nous appartient.




L'ISOLEMENT

L’isolement des personnes dans notre société est un phénomène réel et général qui touche aussi bien les zones rurales et les villes, les jeunes et les moins jeunes et les différentes catégories sociales.
Les seniors supportent plus difficilement les conséquences de l’isolement pour des raisons liées à leurs dépendances (transports, santé), économiques (revenus), familiales (à 70 ans 50 % des femmes vivent seules.
Paradoxalement ce sont les hommes qui supportent le plus difficilement cet isolement selon plusieurs études. La lutte contre l’isolement des personnes âgées doit constituer une priorité parce que ils engendrent très souvent une mal-vie, et parfois des drames comme l’a démontré le tragique épisode de la “canicule ” de 2003.

Les réponses ne sont pas uniquement d’ordre institutionnelles (même si elles sont importantes) comme l’intervention des professionnels (associations d’aides à domicile, portages à domicile, services médicaux, services municipaux…), mais aussi nouvelles.
L’appui à des réseaux d’aides bénévoles doit être encouragé, l’aide aux aidants doit être mis en place et structurée.
La connaissance de la population avec toute sa diversité et ses particularités doit être suivie avec la mise en place par exemple d’observatoires.
Une coordination sérieuse, rigoureuse et permanente intégrant la connaissance de la population et la liaison avec l’ensemble des services, des réseaux, des associations, est indispensable dans ce domaine.



L’EMPLOI DES SENIORS

L’emploi des seniors est donc un vrai sujet de société, mais chacun ici à son appréciation bien particulière.
Ainsi le MEDEF propose t-il de repousser de fait l’âge de départ autour de 72 ans , c’est à dire l’âge où le salarié n’est plus productif, trop souvent malade, à jeter donc…
D’autres comme le PCF proposent au contraire pour que les salariés de certains secteurs comme celui du BTP puissent bénéficier de la retraite à partir de 55 ans. Cela est logique puisque ces salariés ont une espérance de vie moindre que d’autres catégories de salariés.

En fait les réponses à l’emploi des seniors sont multiples, liés aux professions, et aux motivations de chacun.
Que le milliardaire Serge Dassault souhaite continuer à diriger sont entreprise jusqu’à 80, ou 90 ans, pourquoi pas ?, mais que l’ouvrier du BTP, qui de chantier en chantier, parvient trop souvent usé physiquement et moralement à 60 ou 65 ans aspire à partir à 55 ans n’est pas illogique.

41.7 % des 55-64 ans aujourd’hui travaillent. Parmi les 55-59 ans, 42,6 % sont sans emplois. La loi Fillon veut repousser l’âge moyen de départ à la retraite de 57,5 ans à 59 ans d’ici 2008.
76 % des hommes de 55 à 59 ans au chômage le restent.
43 % de l’harcèlement moral dans les entreprises survient après 51 ans, d’après plusieurs enquêtes récentes.
L’emploi pour les seniors n’est donc pas une évidence, et est souvent synonyme de recherche, de souffrance, de mal vie…

Des mesures sont proposées pour obliger les seniors à travailler jusqu’à 60-70 ans avec la mise en place de bonus ou malus, ou en supprimant comme le suggère certains dirigeants du MEDEF la bonification à l’ancienneté pour “ aider ” les entreprises à garder ses salariés âgés. Elles sont dangereuses, peu efficaces, porteuses de déréglementation et de conflits.
Pourtant lorsque l’on parle de l’activité des seniors peut on oublier qu’en France 40 % des jeunes qui souhaiteraient travailler sont sans emplois.

En France le taux d’activité des 25-54 ans est une des plus forte du monde avec 86,4 %, contre 82,1 % au Japon, 83 % aux Etats unis, 80 % dans le reste de l’Europe d’après l’OCDE. Baisser ce taux pour le transférer sur la tranche senior est-ce juste et raisonnable ?
L’aspiration des seniors est diverse. Beaucoup souhaiteraient bénéficier de la retraite rapidement et dans des conditions, d’autres moins nombreux veulent continuer les activités professionnelles plus longuement. Chacun doit être entendu.
Le traitement de l’emploi des seniors doit être économique, mais également sociale et humaine.




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