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REPORTAGES MONDE

CHINE
" Sun City " résidence pour les seniors

À l'instar de l'Europe, la Chine vieillit. Plus de 10 % de sa population est âgée de soixante ans et plus, seuil de vieillissement d'un pays. C'est moins qu'en Europe (20,2 %, selon l'ONU), mais le phénomène va perdurer. Selon des estimations du centre d'études démographiques de l'université du peuple de Chine, on comptera quatre jeunes pour une personne âgée à Pékin dès 2030, date à partir de laquelle l'Inde, actuellement peuplée de 1,1 milliard d'habitants, dépassera en nombre l'empire du Milieu.

Le gouvernement chinois prend le problème au sérieux, car à court terme c'est tout le développement économique et social du pays qui pourrait être affecté. Aussi se montre-t-il moins regardant sur la politique de l'enfant unique, dans le but de fournir des bras - en particulier dans les villes qui risquent de manquer de main-d'oeuvre si le pays continue sur le même rythme de croissance - mais également pour payer les pensions des retraités.
En 2040, leur nombre devrait plus que doubler et atteindre 397 millions, soit plus que les populations de France, d'Italie, d'Allemagne, du Japon et de la Grande-Bretagne réunies. En Chine, la retraite est à cinquante-cinq ans pour les femmes, soixante ans pour les hommes.

Le gouvernement " finance déjà des institutions pour les personnes âgées sans enfant et pour celles handicapées. Les autres, avec enfants, restaient jusqu'à présent dans leur famille, mais c'est maintenant de moins en moins possible à cause des nouvelles conditions de vie. Dans les quartiers récents, par exemple, les gens ne se connaissent plus et il n'y a plus la même solidarité qu'auparavant ", affirme Cheng Xiaoqing, professeur d'architecture à l'université de Tsinghua de Pékin.
Un nouveau marché est donc né, celui de la résidence privée pour seniors, et, comme souvent en Chine, la réaction des promoteurs n'a pas tardé. " Des complexes de plusieurs milliers d'appartements commencent à voir le jour ", indique cette architecte spécialisée dans les problématiques liées aux personnes âgées.
Des villes de vieux, comme ils en existent déjà aux États-Unis, apparaissent un peu partout. " C'est un énorme marché qui intéresse de plus en plus les investisseurs ", poursuit Cheng Xiaoqing. L'un d'eux s'est déjà taillé une réputation avec la marque Sun City.
Il existe deux résidences de ce type à Pékin, au nord et à l'est de la ville, au-delà du cinquième périphérique, dans des quartiers très excentrés. Des milliers d'appartements équipés sont mis en vente, et ce sont souvent les enfants qui payent, faute pour les parents de disposer d'une retraite suffisante. Un petit logement dans une telle résidence coûte autour de 600 000 yuans. Une fortune pour l'essentiel des Chinois.

Cheng Xiaoqing travaille à d'autres alternatives. À la demande du quartier de Siheng, au sud de Pékin, elle a réalisé une étude visant " à garder les personnes âgées sur place, dans leur propre logement, après l'avoir agrandi et réaménagé ".
Des personnes payées par le gouvernement devraient s'occuper des repas et du ménage.
Ce sont les mêmes - entre dix et quinze personnes - qui assurent l'entretien et l'organisation du quartier, qui est, comme le précise Cheng Xiaoqing, " une petite partie du gouvernement ". Quant aux travaux, ils sont payés par le quartier et les habitants.
" Cette méthode est plus simple et plus pratique, car finalement peu de gens peuvent payer des résidences privées ", explique l'architecte. Le projet est en cours. C'est la première fois qu'une telle tentative est menée à Pékin.

D'autres grandes villes essaient de mettre en place des services sociaux adaptés et solidaires. Shanghai investit dans les services communautaires chargés de s'occuper de la vie quotidienne des plus de soixante ans. Les vingt-huit communautés de l'arrondissement de Yangpu et de la nouvelle zone de Pudong sont les pilotes de ce système qui devrait être à terme généralisé à l'ensemble de la ville, selon le directeur de l'administration des affaires civiles de Shanghai, Xu Lin.
L'enjeu est là encore de taille, puisque la ville compte 2,5 millions de personnes âgées, sur une population totale estimée à 14,6 millions, dont 350 000 de plus de quatre-vingts ans.

C.P. l'Humanité du 21/08/2005



L’espérance de vie est en recul sur le continent africain

Pour le directeur du programme alimentaire mondial, James Morris, « nous sommes en train de perdre la bataille contre la faim ».
Les statistiques de la faim et de la malnutrition dans le monde ont un inévitable temps de retard sur le développement du fléau. Sur les 840 millions de victimes mondiales, 200 millions vivent en Afrique subsaharienne.
« Il est inacceptable que la faim et la malnutrition soient encore aujourd’hui la principale cause de la mortalité dans le monde », s’exclamait il y a un an le directeur du programme alimentaire mondial (PAM), James Morris, rappelant que la communauté internationale s’était engagée à une réduction de moitié des populations concernées d’ici 2015. Ce pari, James Morris semble désespérer de le gagner, si l’on en juge par sa déclaration de février 2003 : « Nous sommes en train de perdre la bataille contre la faim. Non seulement dans les cas d’urgence, mais aussi le combat contre la faim chronique. »

Début 2003, trente-six pays faisaient face à des crises alimentaires graves. En Afrique subsaharienne, 40 millions de personnes étaient menacées de mort par la famine, principalement en Afrique australe et dans la Corne de l’Afrique.
Un fléau que les conflits et les catastrophes naturelles ne suffisent pas à expliquer même si l’on prend en compte que la faim est aussi utilisée en tant qu’arme directe : ainsi, les famines à répétitions programmées par le régime militaro-islamiste de Khartoum contre les populations rebelles du Sud-Soudan. L’insuffisance de la production agricole est liée aussi à d’autres causes, comme le pourcentage limité de terres irriguées (4 % en Afrique subsaharienne contre 40 % en Asie) ou une faible productivité accentuée par les quantités réduites d’engrais utilisées (22 kg/ha contre 150 kg/ha en Asie).

Les progrès en matière de production alimentaire restent ponctuels et en retard permanent sur l’évolution démographique. Un drame encore amplifié par la flambée des épidémies (sida, tuberculose et paludisme), qui se traduit par le recul de l’espérance de vie dans le continent subsaharien (repassée en dessous de la barre des cinquante ans durant la dernière décennie, avec des cas extrêmes, comme la Sierra Léone qui cumule tous les handicaps : 34,2 ans contre 79,5 en France !).

Les discours officiels relèvent souvent de l’effet de manche, le temps d’un sommet ou d’une assemblée générale de l’ONU. Un chiffre cruel : l’aide publique au développement consacrée à l’agriculture a baissé de 50 % entre 1990 et 2000.
D’autres politiques internationales font caisse de résonance. Voici une dizaine d’années, la dévaluation du franc CFA imposée par Paris à son « pré carré » africain - du Tchad au Congo Brazzaville, en passant par le Cameroun - a multiplié par deux les prix des intrants agricoles, des médicaments et des produits alimentaires importés pourtant essentiels, les orientations agricoles étant modelées par les exigences de l’ex-métropole et non par les besoins locaux.
Plus récemment, c’est l’embargo orchestré par la Grande-Bretagne, le Commonwealth, l’UE et les États-Unis contre le Zimbabwe jugé trop indocile aux desiderata du Nord.
On en arrive, parfois, au chantage direct : en 2003, le Congrès américain a adopté une loi conditionnant l’assistance à la lutte contre le sida à... l’acceptation des OGM comme aide alimentaire ! L’Afrique constitue pour les firmes multinationales le terrain d’expérimentation rêvé, surtout dans ses zones les plus menacées par la - pénurie. La faim regagne du terrain dans le continent après avoir reculé au cours de la première moitié des années quatre-vingt-dix, souligne un rapport de la FAO de fin 2003.

Certains pays cumulent pauvreté, aléas climatiques et instabilité et s’enfoncent d’une épreuve à l’autre. Ainsi ceux de la Corne de l’Afrique : Éthiopie, Érythrée, Somalie, notamment.
Plus de 14 millions d’habitants d’Afrique de l’Est sont aujourd’hui sous « perfusion alimentaire ». Responsables ? Des pluies exceptionnellement faibles, la situation politique, comme dans le nord de l’Ouganda (guerre civile) et en Somalie où l’État a littéralement implosé.
En juillet dernier, la surprise est venue du Kenya, considéré comme la nation la plus riche et stable de la région, lorsque le président Mwai Kibaki est monté au créneau pour - appeler à l’aide, n’hésitant pas à parler de « désastre national ». Si la « petite saison des pluies » d’octobre-novembre est à son tour insuffisante, « la pénurie s’aggravera, et 4,3 millions de Kenyans auront besoin d’un semestre supplémentaire d’assistance alimentaire », a averti le chef de l’État.

L'Humanité-Octobre 2004





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