par Ramdane Guerchouh A la demande du ministère de l'Agriculture, le Credoc (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie) a mené une enquête sur les conditions de vie des exploitants à faible revenu, leur mode de vie et le jugement qu'ils portent sur leur situation difficile. L'enquête n'explique pas les raisons de cette pauvreté, mais dans l'ensemble, elle révèle un fort attachement des exploitants à leur ferme, malgré les conditions de vie difficiles. Il en ressort, par exemple, que 8 % des agriculteurs envisagent de quitter l'exploitation pour des raisons autres que la retraite. La moitié des agriculteurs estiment que les conditions de vie, à faible revenu sont meilleures en zone rurale qu'en zone urbaine (30 % ne prennent pas position). Cela s'explique par le fait que seulement 14 % ne font appel à l'auto-consommation des produits de la ferme et les deux tiers des exploitants en difficulté sont malgré tout propriétaires de leur logement. En ce qui concerne les revenus, la moitié ont des revenus annuels inférieurs à 24000 francs et les trois quarts gagnent moins de 60 000 francs. Dans 20 % des foyers, le chef d'exploitation exerce une autre activité sans réellement redresser la situation et 43 % des conjoints exploitants exercent une autre activité, souvent de faible qualification. Cependant, cette pluri-activité n'empêche pas le revenu de rester au deçà du seuil de pauvreté. D'autant plus que le temps disponible pour l'extérieur est contraint par une charge de travail importante au sein même de l'exploitation. Disponibilité très restreinte, 60 % des exploitants ne font pas de sortie plus d'une fois par mois et les deux tiers partent en vacances au plus tous les quatre ans. Les relations sociales se limitent donc à la famille et seule la moitié (50%) des exploitants en difficulté affirment avoir des relations amicales avec d'autres exploitants, alors que 10 % affirment n'avoir aucun contact. Les familles de ces exploitants sont souvent très nombreuses, ce qui réduit le rôle des allocations familiales. Les allocations logement étant également faibles, la part des transferts sociaux est réduite au minimum, d'autant plus que 7 % de ces exploitants touchent le RMI et seulement 2 % perçoivent une aide des services sociaux. En ce qui concerne la couverture sociale, 14 % des exploitants n'ont pas de mutuelle et 10 % sont couverts par la CMU (Couverture maladie universelle). De plus, 16 % des ces agriculteurs affirment avoir renoncé à des soins pour des raisons financières au cours des deux dernières années. Par ailleurs, ils sont nombreux à se percevoir en mauvaise santé (12 % des agriculteurs affirment ainsi être très souvent malades). Un bilan qui souligne l'urgence d'une politique d'aide plus conséquente en faveur des petits exploitants. La Terre, semaine du 30 janvier au 5 février 2002. |