14 000 logements sociaux produits pour 315 000 demandeurs recensés
Les loyers ont augmenté de 4,9 % en 2002 dans l'agglomération parisienne Les locataires qui ont changé de logement ont subi des hausses de 10 %
le prix des logements franciliens a augmenté de 12,3 % au premier trimestre 2003
l'augmentation annuelle des prix des appartements anciens en Ile de France au premier semestre 2003 est de 26,6 % selon la FNAIM
NOMBREUSES MESURES D'EXPULSIONS
Au manque de logemements s'ajoute le manque de moyens Ainsi sur le département de l'Essonne les indemnités d'occupation payées par l'Etat pour non réalisation d'expulsions diminuent de 30 % Sur l'arrondissement d'Evry et Corbeil 4 686 dossiers sont en cours dont 650 pour Evry et Grigny 800 pour Corbeil
sur 12,4 milliards d'Euro en 2001 47 % sont consacrés au remboursement 18 % à l'entretien 9 % aux taxes
"Vous savez tous que les grandes agglomérations de notre pays, au premier rang desquelles l'Ile de France, sont confrontées à un déficit criant d'offre de logements. Il est de notre devoir d'y faire face avec détermination", vient de déclarer Gilles de Robien, ministre du logement. Mettant curieusement en pratique cette déclaration, le
Gouvernement décide dans le même temps de diminuer de 30 % les
crédits votés pour le logement social.
LOGEMENTS SOCIAUX, LES DONNEES CHIFFREES
Le parc des logements sociaux en France, c'est 3,9 millions de logements locatifs et foyers, dont 87 % en collectif (3,2 % de taux de vacance en fin 2001). Les locataires sont 10 millions, dont 17 % de familles monoparentales, 11 % de ménages de nationalité étrangère. 60 % des ménages ont des revenus
inférieurs à 60 % des plafonds de ressources, soit pour une personne
seule en région parisienne un revenu imposable de 15 200 Euro, et de 32 800 Euro. 1,9 millions de locataires bénéficient d'un aide personnelle de logement. Le niveau moyen des charges locatives est de 80 Euro par logement.
CONSTRUCTION : L'ILE DE FRANCE EN DECLIN
En 2002 le nombre de logements mis en chantier en Ile de France (32 000 logements) représente le plus mauvais chiffre depuis 1975 (60 000 en 1990, 40 000 en 1999). Aujourd'hui il se construit plus de logements en
Rhône-Alpes qui compte deux fois moins d'habitants, qu'en Ile de
France. La région capitale est l'avant dernière région de France en terme de logements construits pour 1000 habitants (3 pour 1000) derrière la Picardie, région du ministre du Logement.
POUR UN SERVICE PUBLIC DU LOGEMENT les propositions des élus communistes
Dans un projet de loi cadre les parlementaires communistes proposent : -une sécurité du logement tout au long de sa vie, -un grand pôle public financier avec une redistribution offensive des richesses produites en faveur du logement social -un allégement généralisé de la fiscalisation qui pèse sur les organismes HLM, -une relance offensive de l'aide à la pierre, -une réorientation d'un 1 % réévalué, -un soutien réel à l'accession avec des mesures spécifiques pour limiter le poids du foncier, -des mesures nouvelles conventionnées pour le
parc de logements anciens -une aide à la première installation et
à l'équipement des jeunes.
LA DEMANDE DE LOGEMENT HLM A EVRY
Le service du logement a enregistré 1621 demandes en 2002 (+ 27 % par rapport à 2000). Environ 80 % de cette demande est nouvelle. En 2003 les demandes vont probablement dépasser les 2000. Parmi les 1621 demandes enregistrées en 2002 : -52 % sont classés proritaires, -16 % proritaires défavorisées avec nécessités d'aide sociale, -32 % sont classées non prioritaires, -30 % des ménages ont des faibles
ressources, -24 % sont des familles monoparentales, -23 % sont des inactifs ou des sans emploi.
LES FAUSSES SOLUTIONS
En baissant de 25 % les intérêts du livret A le gouvernement prétend soutenir la construction de logements sociaux. Il indique qu'ainsi le coût de la constuction sociale baissera. L'ennui c'est que la dernière fois ou une telle opération avait été décidée, en 1996, sur 113,5 milliards d'Euro, une décollecte importante de 11,5 milliards, soit 10 % avait été immédiatement constatée. 0,7 % de baisse
d'intérêt, pour 10 % de baisse des fonds, le compte n'y est
pas...
Logement L'abbé Pierre " On ne construit pas pour les plus pauvres "
État, élus, riverains... Le fondateur d'Emmaüs en appelle à la responsabilité de tous pour assurer ce qu'il considère comme " un devoir de la Nation " : loger les plus démunis. L'auteur du fameux appel de l'hiver 1954, qui exhortait la population et les pouvoirs publics à mettre en pratique la solidarité pour les sans-toit, tire à nouveau la sonnette d'alarme. Entretien exclusif.
La crise du mal-logement atteint un seuil plus que critique et prend la forme d'une crise de société. Que vous inspire ce triste état de fait ? Abbé Pierre. Cela m'inspire beaucoup de tristesse, d'inquiétude et de révolte. Malgré ces cinquante années passées à crier, à dénoncer, à défendre les laissés-pour-compte, je suis toujours aussi indigné par tant d'indifférence. Nous laissons encore aujourd'hui sur le bord du chemin des générations de jeunes, de familles, sans projet, sans avenir, sans espoir de vie meilleure. Auparavant, la France manquait de logements parce que ses priorités étaient ailleurs, dans la relance industrielle par exemple. La machine économique devait repartir après l'horreur de la guerre. L'effort sur la construction de logements était chaque année retardé. Aujourd'hui, les difficultés sont autres, mais la crise est réelle. Vous dites " crise de société ", oui, je ne peux qu'être d'accord. La différence, cinquante ans après, c'est qu'elle est devenue une crise du " vivre ensemble ". On construit des logements, on en construit beaucoup, mais insuffisamment comme le disent tous les experts. Et surtout, on ne construit pas pour les plus pauvres. On bâtit pour les gens qui ont des revenus et qui peuvent payer des loyers chers. Le fossé se creuse chaque jour davantage. La Fondation m'a signalé que sur cinq logements construits aujourd'hui, un seul est social ou à vocation sociale. Cette situation est inacceptable.
Vous, dont l'appel avait contraint les pouvoirs publics à appliquer la réquisition puis à lancer une politique de construction pour loger les ménages à bas revenus, qu'avez-vous envie de dire à nos dirigeants actuels ?
Abbé Pierre. Je leur dirai qu'il est de leurs responsabilités d'accueillir dans nos villes toute la population, quelle que soit la catégorie sociale dont elle relève. C'est un devoir de la nation, c'est un devoir de chacun d'entre nous. Quand on me dit que des maires refusent des logements sociaux sur leur commune, quand on me dit que, chaque année, on renvoie l'argent qui, prévu au budget logement de l'État, n'a pas été dépensé, par manque de projet, ou quand on me dit que des associations de riverains luttent contre l'arrivée au bout de leur rue d'un logement social, je me dis qu'on ne peut pas tolérer cette situation dans un pays comme le nôtre. On ne l'accepterait pas dans un pays du tiers-monde ou en voie de développement. Dans un pays riche comme la France, c'est un devoir et un honneur pour un élu d'avoir à s'occuper de tous, et des plus faibles en particulier.
Propos recueillis par C. P. pour l'Humanité du 11/10/2003